Œdèmes maculaires

Je suis ravie de vous présenter dans ce numéro un dossier consacré à l’œdème maculaire, qui est une de mes principales thématiques de recherche. L’œdème maculaire reste, malgré les traitements actuels, une cause majeure de baisse d’acuité visuelle et de handicap visuel chez les patients atteints de pathologies rétiniennes. Les mécanismes de survenue de l’œdème maculaire sont complexes et peuvent être séparés en 2 grandes catégories : l’œdème maculaire vasogénique et l’œdème maculaire non vasogénique.
L’œdème maculaire vasogénique survient lors de la rupture de la barrière hématorétinienne interne, par l’altération des jonctions serrées entre les cellules endothéliales des capillaires rétiniens. Les principales étiologies à l’origine de ces altérations cellulaires sont la rétinopathie diabétique, les occlusions veineuses et l’inflammation postopératoire aiguë. Dans ce dossier, le Pr Giocanti fera le point sur l’existence et la valeur de biomarqueurs en OCT dans l’œdème maculaire vasogénique. Concernant l’œdème maculaire aigu postopératoire, les Drs Nhari et Mathis nous proposeront une belle synthèse des facteurs de risque et des traitements locaux préventifs.
L’œdème maculaire non vasogénique est quant à lui lié à des mécanismes encore incomplètement élucidés et qui varient selon les étiologies. Sur le plan du diagnostic, son aspect en OCT est parfois très proche de celui de l’œdème vasogénique avec la présence de logettes intrarétiniennes, mais la présence de micrologettes situées uniquement dans la couche nucléaire interne doit faire évoquer ce mécanisme non vasogénique. En angiographie à la fluorescéine, il se différencie le plus souvent de l’œdème vasogénique par l’absence de diffusion de colorant. Cependant cette dichotomie n’est pas aussi claire, car différents phénomènes peuvent coexister, comme c’est par exemple le cas dans les œdèmes d’origine tractionnelle. Le Dr Marion Lam nous présentera les caractéristiques des œdèmes liés aux membranes épirétiniennes qui sont directement liés à la traction tangentielle par la membrane, mais se présentent parfois également avec un certain degré de dysfonctionnement des cellules de Müller pouvant être à l’origine d’une rupture de la barrière hématorétinienne secondaire.
D’autres causes peuvent entraîner une perte de la cohésion et de l’adhésion entre les cellules rétiniennes, conduisant à l’apparition de logettes intrarétiniennes, comme dans l’œdème d’origine toxique ou dans les dystrophies rétiniennes. Ainsi, le Dr Boulanger-Scemama nous rappellera les principales causes médicamenteuses à rechercher pour ne pas méconnaître un œdème d’origine toxique, ainsi que les éléments de prise en charge lorsque l’œdème n’est pas réversible à l’arrêt du traitement causal. Enfin, le Dr Issa présentera les points clés du diagnostic et de la prise en charge des œdèmes maculaires liés aux dystrophies rétiniennes.
J’espère que ce dossier, en rappelant les différents éléments de l’interrogatoire et de l’aspect OCT et angiographique, vous sera utile pour le diagnostic et la prise en charge de ces œdèmes maculaires dont l’origine peut être très variée.

Aude Couturier
(Hôpital Lariboisière, Paris),
Directeur scientifique des Cahiers d’Ophtalmologie