Dossier : Évolution des innovations thérapeutiques pour la freination
de la myopie

Longtemps négligée ou vécue comme une fatalité, la ­myopie chez l’enfant n’a que peu intéressé les ophtalmo­logistes jusqu’à ces dernières années. La croissance ­observée en Asie nous en a fait prendre conscience. L’évolution de notre mode de vie, de notre environnement, de nos activités, et bien d’autres éléments ont conduit à une véritable « flambée » de la myopie, avec sa cohorte de conséquences économiques et médicales pour les états et les patients. La meilleure compréhension de certains mécanismes responsables de ce phénomène a entraîné l’apparition de plusieurs moyens ­visant à freiner, à défaut de stopper l’évolution. Cet arsenal de plus en plus riche doit nous permettre de proposer et de mettre en place au plus vite chez nos jeunes patients la solution la mieux adaptée (souvent la plus facile à adapter). Cette prévention doit ­devenir un réflexe. Il s’agit là d’un véritable enjeu de santé publique.

Bruno Mortemousque
Cabinet d’ophtalmologie Foch Bordeaux

L’ophtalmopédiatrie est riche en évolution. Nous n’avons pris que très récemment conscience du risque d’augmentation majeure de la fréquence de la myopie dans le monde, et en particulier dans nos pays européens. A contrario, les pays asiatiques en ont mesuré l’impact, au vu de l’incidence exponentielle de la myopie observée localement ces dernières décennies. La prise en charge visuelle de l’enfant est pourtant essentielle. Différentes hypothèses physiopathologiques ont ainsi amené à développer des thérapeutiques innovantes. Il est aussi utile d’identifier les enfants avec une myopie syndromique souvent d’origine génétique et dont le traitement sera complexe. En premier lieu, les mesures préventives pour les enfants concernent l’environnement (lumière, activité en extérieur et temps d’activité de près comprenant les temps d’écrans). Cependant, une fois déclenché, le processus myopique doit être freiné au mieux. Verres correcteurs avec un système sophistiqué de défocalisation périphérique, lentilles à défocalisation périphérique, lentilles d’orthokératologie de plus en plus performantes et traitements pharmacologiques très efficaces par atropine faiblement dosée constituent maintenant un arsenal efficace. Il est essentiel d’instituer un de ces traitements au plus tôt en diagnostiquant précocement la myopie de l’enfant pour freiner le processus myopique.

Dominique Brémond-Gignac
Chef du service d’ophtalmologie, hôpital universitaire Necker–Enfants malades, AP-HP, Paris coordonnateur du Centre de référence des maladies rares en ophtalmologie (CRMR OPHTARA)

Les consultations d’ophtalmologie pour freiner la myopie se multiplient en Europe, avec un temps de retard par rapport à l’Asie, à la fois concernant l’évolution de l’incidence de la myopie, et l’évolution de sa prise en charge chez l’enfant. Comprendre les mécanismes conduisant à…

La myopie représente un enjeu de santé publique. Près de 20% des enfants de moins de 6 ans présentent des anomalies, essentiellement réfractives puis suivies par le strabisme et l’amblyopie. La myopie, pathologie de l’enfant de plus en plus fréquente, nécessite un diagnostic clinique…

Les données de santé publique prédisent 50% de myopes en 2050, soit 5 milliards d’individus. Parmi ceux-ci, 10% auront une myopie supérieure à -6 D [1]. Il existe une corrélation positive entre l’amétropie et les complications médicales oculaires (décollement de rétine, glaucome,…

Utilisées depuis 2002 en France pour freiner la myopie chez les enfants, ces lentilles rigides connaissent un succès grandissant chez les enfants et les adolescents, d’une part en raison de leur efficacité et d’autre part compte tenu des gammes de correction de plus en plus étendues…

Les actualités sur l’augmentation de la fréquence de la myopie dans le monde, les tentatives de freination de cette épidémie poussent à s’interroger sur une possible place de la chirurgie réfractive dans la myopie de l’enfant, tout en étant bien averti des risques de cette chirurgie en…