
Pour que le rouge ne vire jamais au noir

Aujourd’hui, face à un œil rouge ou un inconfort visuel, le premier réflexe du patient n’est plus toujours de consulter, mais de chercher sur le web. Forums, vidéos, conseils automatiques : Internet installe une première opinion, souvent rassurante, parfois erronée.
Faut-il s’inquiéter ou attendre ? L’inconfort visuel reste suspendu, entre banalité et menace.
Et pourtant, un œil rouge n’est jamais un détail. Il dit quelque chose. Encore faut-il savoir l’écouter. Trop souvent, on pense connaître l’histoire : fatigue sur écran, problème de manipulation, lentille mal adaptée… Mais derrière une rougeur banale peut se cacher une lésion cornéenne sévère.
Depuis quelques années, l’inconfort lié au port de lentilles progresse en silence, dopé par les écrans, les masques, la climatisation ou encore les habitudes de port étendues. La frontière entre irritation, inflammation et infection est devenue plus fine, et le raisonnement clinique plus essentiel que jamais. Il repose sur quelques signes clés : douleur, photophobie, baisse visuelle, réponse au retrait des lentilles ou à l’instillation de collyres. Et, surtout, sur l’examen à la lampe à fente, seul capable de voir au-delà du rouge.
En 2025, alors que les lentilles sont encore plus performantes, la tolérance ne devrait plus être un sujet. Un inconfort persistant n’est plus « normal ». C’est un symptôme, pas un effet secondaire. L’excès d’habitude peut devenir un piège.
Pour que le rouge ne vire jamais au noir, il faut continuer à douter. Et regarder, vraiment. C’est ce que vous découvrirez à travers ce dossier.
Bonne lecture.
Aurore Muselier Mathieu
Centre ophtalmologique Saint-Paul Bastille ; Fondation ophtalmologique A. de Rothschild, Paris