Prise en charge globale de la myopie forte : dépistage, freination et complications

… ou comment organiser une prise en charge transversale et pluridisciplinaire de la myopie forte.

L’épidémie myopique occupe les esprits des ophtalmologistes depuis maintenant plusieurs mois. La myopie forte est source de déficit visuel quand elle atteint le stade de myopie pathologique. Or les complications rétiniennes nécessitent un œil aguerri et une imagerie haute résolution ou grand champ afin d’être mieux identifiées et traitées précocement. Elles ne sont pas malheureusement exclusives l’une de l’autre.

En parallèle, la neuropathie optique glaucomateuse du myope fort est souvent sous-évaluée. La dysversion papillaire et l’atrophie péripapillaire rendent délicate l’interprétation des examens anatomiques, et le champ visuel restera le meilleur examen, d’autant plus s’il est corrélé au degré de maculopathie myopique et dans un suivi longitudinal.

Ces patients myopes forts sont aussi parents et grands-parents. Le rôle de la génétique n’est plus à démontrer dans la myopie forte. Mais du fait d’habitudes de vies urbaines, les enfants deviennent myopes plus tôt, leur état s’aggrave plus vite. Comment prendre en charge ces jeunes patients et leur éviter d’être myopes forts à l’âge adulte ? Les stratégies de freination sont aujourd’hui multiples et nécessitent des études de « vraie vie » afin d’en connaître les effets à court et à long terme.

Enfin, si la myopie forte concerne environ 5% de la population, il faudra savoir reconnaître les myopies syndromiques chez le petit enfant mais aussi chez le jeune adulte. En effet, la prise en charge des syndromes de Marfan et de Stickler justifie d’un centre spécialisé.

Il apparaît donc nécessaire de regrouper ces compétences au sein d’une même structure afin d’offrir aux patients de tout âge, myopes et myopes forts, une prise en charge pluridisciplinaire, transgénérationnelle et longitudinale, ouvrant des perspectives de recherche sur la myopie et la myopie forte.

Je remercie Georges Azar, Thibaut Chapron et Gilles Martin pour leur contribution à ce dossier et ne peux que me réjouir de collaborer avec eux à ce projet.

Bonne lecture.

Élise Philippakis
Hôpital Lariboisière, Paris