DMLA atrophie : un espoir déçu ?

L’atrophie géographie, qui était jusqu’à récemment sans recours thérapeutique, peut maintenant être traitée par deux molécules ciblant le complément, disponibles aux États-Unis depuis 2023.
Cependant, l’Agence européenne du médicament (EMA) a émis un avis défavorable le 26 janvier dernier sur la mise sur le marché du premier de ces médicaments, le pegcetagoplan (Syfovre®). L’EMA a considéré que, bien que les études aient montré que Syfovre® ralentissait la croissance de l’atrophie géographique, il n’apporte pas de bénéfices cliniquement significatifs pour les patients sur le plan de la vision et de la qualité de vie. De plus, s’agissant de la tolérance, les injections de cette molécule entraînent un risque de développer une néovascularisation ou une inflammation.
Les avis sont en effet partagés sur l’intérêt de ces traitements anticompléments dans l’atrophie géographique, qui offrent un bénéfice pouvant sembler limité sur le plan fonctionnel et présentent une charge lourde pour le patient puisqu’ils requièrent des injections mensuelles ou bimensuelles et représentent un coût important. À l’inverse, on peut regretter de voir nos patients européens privés de cette avancée thérapeutique qui, certes, ne redonnent pas de la vision aux patients quand l’atrophie est déjà centrale, mais qui pourraient probablement permettre de gagner plusieurs mois ou années de vision centrale préservée chez des patients atteints d’atrophie extrafovéolaire. En tant que rétinologues, nous voyons tous les jours les dégâts importants de cette maladie sur la vue mais aussi sur l’état psychologique de nos patients. L’impact de la perte de la vision centrale est majeur et dégrade considérablement la qualité de vie des personnes âgées, limitant des actes de leur vie quotidienne et entraînant souvent une profonde détresse.
Le laboratoire Appelis a demandé un réexamen par l’EMA de la demande d’autorisation de mise sur le marché du Syfovre® le 9 février 2024, la page n’est donc pas encore complètement tournée…

Aude Couturier
Hôpital Lariboisière, Paris, Directrice scientifique des Cahiers d’Ophtalmologie