Les échos de la SFO en contactologie

Les orateurs de la session annuelle de la SFOALC (Société française des ophtalmologistes adaptateurs de lentilles de contact) ont abordé les particularités de l’adaptation en lentilles de contact chez l’adolescent, sujet du rapport de la SFOALC de l’année 2022. Un rappel sur la réglementation et le thème d’actualité de la freination de la myopie, avec notamment les particularités de l’adaptation en lentille d’orthokératologie, ont également été développés.

Évolution de la réglementation
D’après une étude de 2021 du SNOF (Syndicat national des ophtalmologistes de France), 68% des ophtalmologistes estiment que la contactologie prendra une grande importance dans leur pratique future, et 81% d’entre eux favorisent le travail aidé pour l’adaptation des lentilles de contact.
Le décret n° 2022-691 du 26 avril 2022 ouvre la prescription des lunettes et des lentilles de contact par les orthoptistes sous conditions. Les patients doivent avoir entre 16 et 42 ans. Ceux qui portent déjà des verres correcteurs doivent justifier d’un bilan visuel réalisé par un opthalmologiste depuis moins de 5 ans. Pour les patients déjà porteurs de lentilles souples, ce bilan doit avoir été réalisé dans les 3 années précédentes. Cette prescription ne sera néanmoins possible qu’en l’absence de contre-indications médicales strictes qui restent en attente de détermination par l’arrêté.

Contrôle de la myopie
Plusieurs dispositifs permettent aujourd’hui de freiner l’évolution de la myopie. Les verres correcteurs utilisent le principe du défocus myopique périphérique (Stellest [Essilor], MiyoSmart [Hoya]). Ce principe est aussi retrouvé dans les différentes modalités proposées en lentilles de contact. Ces dernières pourront être rigides (LRPG) en port nocturne (orthokératologie) ou diurne (LRPG avec gradient de puissance). Les lentilles souples existent en renouvellement journalier (matériau hydrogel, technologie anneau de défocalisation (MiSight [Coopervision]), mensuel (matériau silico-hydrogel, technologie EDOF, Mylo [Mark Ennovy]) ou trimestriel (matériau silico-hydrogel, technologie gradient de puissance, Amyopic Silicone [Precilens]). Sur le plan pharmacologique, l’atropine 0,05% a prouvé son efficacité et semble être le dosage à prescrire en première intention. Les limites actuelles du traitement sont la non-disponibilité en officine, l’absence d’AMM dans cette indication, les effets secondaires possibles, l’observance sur le long terme et la non-réponse de certains patients.

Indications particulières en LRPG
Savoir proposer une adaptation en LRPG dans un contexte de pathologies syndromiques, de déficiences plurisensorielles et de nystagmus peut s’avérer complexe mais permet une amélioration des performances visuelles (amétropie souvent importante associée) tout en venant réduire le préjudice esthétique particulièrement mal vécu par les adolescents. Une fois abouties, ces adaptations sont très valorisantes pour le patient et l’ophtalmologiste. Il ne faut pas oublier l’utilisation, en complément, de verres spécifiques teintés et filtrants (dystrophie rétiniennes, albinisme, achromates…)

Adaptation en orthokératologie
Ce sont des lentilles rigides de port nocturne, qui entraînent un remodelage cornéen permettant une réduction temporaire de la myopie. L’indication concerne les amétropies suivantes : myopie jusqu’à 7 D, hypermétropie jusqu’à 4 D, astigmatisme régulier jusqu’à 3 D. Il est particulièrement pertinent de proposer cette adaptation dans le cas d’une pratique régulière d’une activité sportive, notamment aquatique, où le port de lentille de contact est contre-indiqué ou d’une myopie évolutive. Le choix de la première lentille se fait à l’aide de la topographie cornéenne. Les avantages d’une adaptation en orthokératologie chez l’adolescent sont la liberté de correction pendant la journée, facilitant ainsi la pratique sportive, le port nocturne des lentilles dans un environnement familial et un encadrement parental limitant les risques de mésusage, de perte ou de casse. Il convient de bien veiller au respect des mesures d’hygiène et d’un rythme de sommeil d’au moins 6 heures pour permettre une bonne vision.

Adaptation en lentilles souples
Devant des demandes d’adaptation de plus en plus précoces, il faut savoir temporiser, trouver le moment approprié en fonction de la maturité de l’adolescent. L’assiduité sur l’entretien, le respect des règles d’hygiène et la bonne manipulation doivent être encouragés et répétés au cours des consultations. La mise en place d’une relation triangulaire entre l’adolescent, ses parents et l’adaptateur est primordiale pour mener à bien cette adaptation.

Choix de la première lentille
L’interrogatoire et l’examen clinique permettent d’orienter ce premier choix. Les LRPG offrent une bonne qualité visuelle pour les amétropies fortes et les pathologies cornéennes. Les lentilles souples doivent être proposées en cas de port intermittent, pour la pratique sportive et notamment en cas de sport de contact ou d’environnement poussiéreux. Pour les activités aquatiques, une adaptation en orthokératologie est privilégiée. Le choix de la première lentille dépend d’un ensemble de paramètres à prendre en compte (âge, amétropie, type de port, activités, pathologies associées, traitement associé…). La condition de ces prescriptions est la compréhension des règles d’hygiène strictes par l’adolescent en présence de ses parents, avec la nécessité d’une surveillance ophtalmologique rapprochée et une consultation en urgence au moindre doute.

Sécuriser les adaptations
Réussir une adaptation chez un adolescent peut apparaître comme un défi, avec une obligation de sécurité maximale. Il faut savoir favoriser les LRPG qui permettent une plus grande sécurité. Les plaintes souvent tardives ou minorées chez les adolescents peuvent entraîner un retard de prise en charge. Il est important d’éduquer les parents sur les signes précoces d’une affection de surface. La grande adaptabilité des adolescents ne cesse de nous impressionner. Grâce à leur capacité d’apprentissage rapide des consignes de manipulation et d’entretien, ils deviennent souvent très vite autonomes.

Grand prix de contactologie
Le grand prix de contactologie Évelyne Leblond 2022 (5e édition) revient à Amandine Desmaret, interne au CHU de Lille. Son cas clinique intitulé Lentilles et chirurgie, Combo gagnant, qui nous mène sur le parcours d’adaptation d’une patiente atteinte d’une dystrophie de Reis-Bückler, où l’adaptation en lentille sclérale à la suite d’une PTK permet une amélioration significative de la qualité visuelle et du confort grâce à la réduction des érosions cornéennes récidivantes. Il a fallu de la persévérance et de l’accompagnement dans l’apprentissage de la manipulation afin d’arriver à un succès final de cette adaptation.

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