Breaking news sur la thématique du CXL
Sélection de communications portant sur la thématique du corneal cross-linking (CXL) rapportées du congrès ESCRS Vienne 2018

Résultats CXL par iontophorèse

Riccardo Vinciguerra a rapporté une comparaison entre CXL conventionnel (EPI-OFF) et CXL iontophorèse (EPI-ON ou EPI-OFF) à 24 mois de suivi (n = 20 pour les 3 groupes). Il n’a pas montré de différence significative en termes d’efficacité (Kmax, indices topographiques, acuité) et de sécurité. Une étude est en cours, prévoyant d’augmenter de 20% la fluence de la procédure iontophorèse CXL EPI-ON pour compenser l’absorption par l’épithélium. Cette démarche semble logique et est attendue depuis longtemps.

CXL pédiatrique : résultats à 5 ans

Denise Wajnsztajn a présenté une série portant sur 142 yeux traités par C-CXL (moyenne d’âge 15 ± 2 ans), yeux montrant près de 90% de stabilité sans perte de vision. Néanmoins, l’état de 1 patient a continué à s’aggraver, et on a déploré 1 cas d’abcès, 1 cas d’œdème endothélial, 1 cas de haze sévère et 1 cas de kératite chronique.

CXL assisté du laser excimer pour désépithélialisation

Luiz Izquierdo a présenté des résultats préliminaires à propos de 24 yeux traités par C-CXL après une ablation transépithéliale de profil plano (55 microns). La cicatrisation et le confort du patient semblaient améliorés par rapport au C-CXL traditionnel. Le profil en pente douce des bords de la désépithélialisation sont certainement responsables d’une reconstitution plus rapide et moins algique.

C-CXL à 10 ans

Emin Usubov a présenté une cohorte russe de 24 yeux, montrant 88% de stabilité à 10 ans. Il est rare de voir des cohortes suivies aussi longtemps. Aucune complication, en dehors de quelques hazes persistant plus de 6 mois, n’a été déplorée. La ligne de démarcation était presque plus détectable entre 6 et 12 mois postopératoire. La vision et la kératométrie restaient stables à partir de 1 an postopératoire.

Résultat du protocole d’Athènes après la mise en place d’un AIC

Joana Mello Amaral a proposé une série de 40 yeux qui ont reçu le protocole d’Athènes (PKT transépithéliale topoguidée + MMC + CXL) après la mise en place d’un AIC. L’association est bénéfique sur la réduction de l’amétropie et l’augmentation de la MAVC. Le gain moyen kératométrique est de 2 à 3 D (Kmax 50,9 à 48,3 D). Le gain d’acuité corrigée est de 2 lignes Log MAR. L’approche est logique pour les patients incompatibles avec les lentilles rigides et dont la qualité de vision est médiocre avec des lunettes. Le respect d’une zone de sécurité au-dessus des anneaux est nécessaire (> 200 microns après photoablation).

Comparaison C-CXL vs TE-CXL

Jinhai Huang a fait une méta-analyse de la littérature ne trouvant que 8 articles pertinents. La comparaison repose sur 227 C-CXL vs 228 TE-CXL. L’efficacité à 1 an est similaire sur la progression, avec une diminution du Kmax significativement plus importante dans le groupe C-CXL et une moindre efficacité de la iontophorèse parmi les protocoles de TE-CXL. Le suivi est néanmoins globalement trop court pour statuer.

Abréviations
C-CXL : CXL conventionnel (30 min UVA)
A-CXL : CXL accéléré (3 à 9 min UVA)
TE-CXL : CXL transépithélial
AIC : anneaux intracornéens

Résultat du protocole d’Athènes à 10 ans

Costas Karabatsas a rapporté l’expérience de l’équipe Kanelopoulos qui compte plus de 3 000 yeux traités en 13 ans. Ce protocole associe une PKR topoguidée transépithéliale, puis l’application de mitomycine C 0,02% 30 secondes, puis la réalisation d’un A-CXL. Dans cette cohorte, 144 yeux dont le recul atteignait 10 ans ont été isolés. L’amélioration de l’acuité visuelle était d’environ 3 lignes (non corrigée) et 2 lignes (corrigée). Elle était atteinte vers 12 mois postopératoire et restait stable sur les 10 ans d’observation. L’épaisseur cornéenne moyenne passait de 468 microns en préopératoire à 395 microns en postopératoire (SD ± 30). La kératométrie moyenne passait de 59,5 à 47,5 D (SD ± 8). Trois cas d’aplatissement excessif attribués à un CXL initialement trop intense (début de la série) ont été déplorés.

Efficacité du protocole d’Athènes comparant les cas de coïncidence ou non entre l’axe réfractif et l’axe kératométrique

Tiago M. Rodrigues a présenté une série de 30 yeux suivis à 12 mois et fait la différence entre les groupes avec ou sans coïncidences des axes réfractif et kératométrique (non coïncidence au-delà de 20° d’écart). Il n’a pas retrouvé de différence, contrairement à ce qui est décrit pour les cas de non-coïncidence lors de la pose des AIC. L’auteur préconise de privilégier le laser plutôt que les anneaux pour les cas de non-coïncidence. Les résultats sont à remettre en perspective avec les nouveaux designs d’AIC à présent disponibles.

CXL avec ablation transépithéliale centrée par la topographie (TREK)

Sheetal Mahuvakar a présenté une étude sur 47 yeux proposant de centrer la photoablation sur l’apex en mode « plano et transépithélial ». Le centrage est déterminé par la mesure des coordonnées (x ; y) du point le plus élevé regardé sur la topographie d’élévation. La carte pachymétrique épithéliale est également mise à contribution, la compensation de la cyclotorsion est activée avant le laser. Cette approche permettrait d’économiser du tissu par rapport à la procédure topoguidée, centrée sur la pupille. Le diamètre de la photoablation est ici inférieur à 5 mm, l’ablation maximale de 75 microns, un débridement épithélial complémentaire à 8 mm est pratiqué avant le A-CXL. Les résultats sont encourageants, en particulier le ratio diminution des aberrations vs volume de tissu photoablaté. La cartographie épithéliale est joliment régularisée, il n’y a pas d’ablation en dehors du sommet du cône.

Analyse du durcissement de la cornée après CXL par Corvis ST

Ravish Vaishnav a étudié 111 yeux à 3 mois post A-CXL (9 mW/cm2) utilisant une équation de dureté cornéenne élaborée à partir de l’analyse de l’onde de déformation de la cornée sur l’image donnée par le Corvis ST. Il retrouve que 79% des patients n’ont pas eu de modification de la dureté à 3 mois postopératoire. Cette notion interroge sur le mécanisme de durcissement de la cornée in vivo, le fonctionnement du CXL et la fiabilité des mesures biomécaniques par jet d’air.

Modification des biomarqueurs des larmes après CXL

Jose Ignacio Recalde a étudié plusieurs biomarqueurs dosés dans les larmes de patients porteurs de 24 kératocônes évolutifs ayant bénéficié de A-CXL. Il a retrouvé une diminution des marqueurs de l’inflammation MMP 9 et S100A6 (technique multiplex-array). Cette étude confirme la multiplicité des mécanismes d’action du CXL, ici le CXL démontre pouvoir limiter la micro-inflammation au niveau de la surface oculaire.

Nouvelle application CXL : la procédure réfractive PiXL pour réduction de la myopie faible

Anders Behndig a réalisé une étude préliminaire sur 29 patients sains et myopes faibles proposant un A-CXL EPI-ON central en anneau (4-2 mm) ou en disque (4 mm), réalisé en atmosphère enrichie en oxygène. Il a retrouvé, avec un suivi de 6 mois, une efficacité statistique sur la diminution de l’équivalent sphérique et l’amélioration de l’acuité sans correction. Aucune complication n’était à déplorer. Le profil en anneau semble plus rapidement efficace, une étude comparative prospective randomisée est à venir.

Auteurs

  • David Touboul

    Ophtalmologiste

    Centre national de référence pour le kératocône, CHU de Bordeaux, hôpital Pellegrin, Bordeaux

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