HOYA MiYOSMART (D.I.M.S)
Prise en charge de la myopie : résultats cliniques France et international à court et moyen terme
Symposium Hoya Vision Care
Évolution de la myopie : état des connaissances
La prévalence de la myopie augmente depuis plusieurs décennies. On estime actuellement à 2,5 milliards le nombre de personnes concernées, qui devrait doubler d’ici 2050. Le nombre de myopes forts devrait quant à lui progresser de 300 à 900 millions (soit de 4 à 10% de la population mondiale, dans le cadre de cette projection). Cette évolution est préoccupante car la prévalence des complications, notamment maculaires, augmente en parallèle. Nicolas Leveziel, Chi-Ho To, à l’origine, avec l’école polytechnique de Hong-Kong, du système D.I.M.S, et Dominique Bremond Gignac, ont dressé l’état des connaissances dans le domaine de la myopie et de sa prise en charge. Un exposé étayé par des études cliniques et l’expérience pratique de spécialistes.

Prévention, freination : des approches environnementales, optiques et médicamenteuses
Selon la cohorte « Point Vision », au delà de -10 dioptries (D), près de 26% des myopes souffrent de malvoyance ou de cécité a partir de 60 ans. La progression de ce trouble réfractif est maximale dans l’enfance, la période critique se situant entre 7 et 12 ans. La réfraction sous cycloplégique reste incontournable et on estime qu’à 6 ans, dès 0,75 D, une erreur réfractive signe un haut risque de myopie à moyen ou court terme.
La myopie progresse plus chez les enfants asiatiques que chez les enfants d’origine caucasienne, sans doute davantage pour des raisons environnementales que génétiques. Différentes recommandations préventives ont été émises, notamment par de nombreux pays d’Asie, où la prise de conscience date des années 1970-1980, mais aussi aux USA. La principale mesure consiste à promouvoir les activités extérieures, dont l’impact sur la prévalence de la myopie est direct, et la réduction du temps passé sur écran, sachant que le type d’exposition lumineuse joue aussi un rôle. À l’inverse, la pandémie à Covid-19 a permis d’observer l’effet conjoint d’une diminution des activités extérieures et d’une augmentation du temps d’utilisation des écrans chez les enfants. L’impact des mesures préventives environnementales, modéré, devient fort, en termes de santé publique, s’il s’applique à l’ensemble de la population. Des solutions optiques et thérapeutiques peuvent s’y associer sachant qu’il ne faut ni sur- ni sous-corriger les myopes. Selon différentes études d’ophtalmo-pédiatrie : l’intérêt des verres progressifs est limité (ils diminuent la progression de moins de 0,20 D par an en moyenne), le port des verres bifocaux Myopilux® Max d’Essilor (dont l’arrivée sur le marché est imminente) réduit de 39 à 51% la progression de la myopie à 3 ans, et les verres défocalisants, intégrant la technologie D.I.M.S – Defocus Incorporated Multiple Segments, développés par Hoya, réduisent la myopie d’environ 55% à 2 ans. Les lentilles souples multifocales ralentissent la progression dans environ 59% des cas à 3 ans et l’orthokératologie est plus discutée dans cette indication (séries plus limitées, risque de kératite bactérienne, problématiques d’acceptabilité et du port nocturne de lentilles rigides chez les enfants…). La FDA – Food and Drug Administration, a récemment donné son accord pour les lentilles défocalisantes MiSight® de Coopervision. Au plan pharmacologique, l’instillation, le soir, d’atropine diluée à 0,01%, actuellement encore soumise à délivrance hospitalière, réduit la progression myopique de 30 à 60% à deux ans. Elle expose aux risques de photophobie, de baisse modérée de l’amplitude d’accommodation et d’effet rebond, cependant moins marqué du fait de la dilution. Elle fait l’objet d’une recommandation de l’AAO – American Academy of Ophthalmology, mais la FDA n’a pas donné son aval en prévention de la progression myopique.
À l’échelon Européen, la prise de conscience publique existe, mais est moins marquée qu’en Asie ; elle reste donc à améliorer. Au cours de la dernière décennie, l’arsenal thérapeutique s’est enrichi, mais des incertitudes persistent. Quand débuter le(s) traitement(s) ? À quel âge ? Selon quels critères ? À partir de quel degré de progression myopique ? Pour quelle durée ? Quelles sont les indications de l’atropine, des approches optiques, des approches combinées (dont l’effet cumulé reste toutefois à démontrer) ? Enfin, comment suivre les enfants ? Il apparaît en effet qu’il faudrait sans doute surveiller la longueur axiale (LA), en plus de la réfraction. Les recherches se poursuivent.
L’étude française OPHTAMYOP, consacrée aux verres MiYOSMART, est en cours
La myopie de l’enfant constitue un problème de santé publique mais la compréhension de la physiopathologie de l’œil myope s’améliore. Notamment : le signal de défocus hypermétropique en moyenne périphérie, avec focalisation de l’image derrière la rétine, induirait un allongement de l’œil. D’autres phénomènes, que nous ne maîtrisons pas encore, interviennent certainement. Le changement des modes de vie, et en particulier l’omniprésence des écrans, joue un rôle important dans l’épidémiologie de la myopie. Chaque dioptrie de myopie supplémentaire augmente le risque de malvoyance jusqu’à 67%, alors que chaque dioptrie soustraite le réduit de 40%. La WSPOS – World Society of Paediatric Ophthalmology & Strabismus avait édité un consensus en 2017, avant de détenir tous les éléments concernant les systèmes optiques. Les mesures environnementales ne doivent pas être négligées. Bien qu’il puisse être difficile d’interpréter des études dont les conditions de réalisation diffèrent, elles pointent l’importance des activités extérieures (sans oublier la protection solaire), de l’exposition à la lumière (écoles vitrées en Chine…), du type de lumière (longueur d’onde…) et de ménager des interruptions dans le travail de près, y compris sur écran. L’ensemble nécessite un travail de pédagogie soutenu, auprès des parents et des enfants. Une récente étude, qui a inclus plus de 123 000 enfants de 6 à 13 ans, abonde en ce sens [1]. Elle décrit en effet 1,4 à 3 fois plus de progression myopique en période de confinement.
On le sait, des stratégies de freination, optiques ou médicamenteuses, peuvent s’associer aux mesures préventives ; c’est le cas des verres défocalisants, intégrant le système D.I.M.S (structure alvéolée en moyenne périphérie). Au cours d’une étude asiatique, menée sur deux ans pour 183 patients, ils ont induit une freination moyenne de la myopie, de 59%, et de l’allongement axial, de 60% [2]. L’étude française observationnelle OPHTAMYOP, consacrée à la myopie évolutive et à l’adaptation de ces verres MiYOSMART, a démarré en 2020 et durera deux ans. Le bilan initial, complet, comporte notamment une mesure de la longueur axiale, une réfraction sous cycloplégique, un bilan orthoptique, une rétinographie. Ces verres (correction sphéro-cylindrique exacte) sont bien tolérés et leur adaptation, simple, ne diffère pas de celle des verres classiques. Le centrage doit être effectué par des opticiens formés, en vision de loin, regard primaire, pleine pupille. Si l’analyse intermédiaire de ce travail n’a pas été dévoilée, la démarche semble, à ce stade, efficace. L’équipement d’enfants plus jeunes est envisageable.
Des solutions optiques pour contrôler la myopie : de D.I.S.C à D.I.M.S, 3e année
La théorie du défocus hypermétropique a été avancée pour expliquer la croissance excessive de l’œil myope, qui chercherait ainsi à le compenser. Sur de nombreux modèles animaux, modifier le taux défocus semble réduire l’évolution de la myopie. Un essai randomisé en double insu [3] a donc été mené pour savoir si le port de lentilles, équipées du système D.I.S.C – Defocus Incorporated Soft Contact Lens, pouvait ralentir la progression de la myopie chez des enfants hongkongais âgés de 8 à 13 ans, comparé à une lentille monofocale. Le principe consiste à corriger la myopie en vision centrale et à focaliser simultanément les rayons périphériques en avant de la rétine. Un effet temps-dépendant a été mis en évidence à 24 mois : les auteurs ont observé une moindre progression de la myopie, de l’ordre de 0,35 D, et de la longueur axiale, d’environ 0,1 mm.
Les verres D.I.M.S ont été conçus selon le même principe, dans le but de reproduire cet effet. Une nouvelle étude clinique randomisée a été menée sur une population identique d’enfants chinois, puis prolongée une 3e année, pendant laquelle tous les participants ont porté le système D.I.M.S, y compris le groupe initialement témoin. Les deux dispositifs optiques, D.I.S.C et D.I.M.S, ont permis de ralentir significativement la progression de la myopie. Durant la 3e année d’étude du système D.I.M.S, cet effet, s’est, selon le groupe considéré, soit installé dans des proportions similaires, soit maintenu, pour aboutir à une réduction finale moyenne estimée de : 0,66 D en myopie et de 0,35 mm en longueur axiale.
[1]JAMA Ophthalmol. 2021 Mar 1;139(3):293-300. [2] Ophthalmol Vis Sci. 2020 May 11;61(5):53. [3] Br J Ophthalmol. 2014 Jan;98(1):40-5.
Le verre MiYOSMART en cinq points
D’après la conclusion de Marianne Goldwaser, responsable scientifique et affaires professionnelles Hoya Vision Care France (goldwaser@hoya.com)

A propos du verre MiYOSMART, lancé il y a quelques mois, 5 points principaux ont été relevés.
• Les études cliniques confirment l’effet freinateur de la technologie D.I.M.S : à 12 puis 24 mois respectivement, 69% et 59% de réduction de l’équivalent sphérique ont été observés, ainsi que 63% et 60% de réduction sur l’allongement axial, comparé au groupe unifocal. Les résultats à 36 mois sont également encourageants : chez 80% des porteurs, les progressions myopique et axiale étaient inférieures à 0,52 D (seuil de prescription recommandé en sphère) et à 0,35 mm, valeur proche de la croissance de l’oeil emmétrope. L’effet freinateur croît avec le temps de port, qu’il semble donc utile d’augmenter le plus possible en journée.
• Chez les sujets témoins rééquipés en verres D.I.M.S la 3e année, la valeur dioptrique a également diminué, soit une évolution de 0,49 D à un an, 0,38 D à 2 ans et 0,05 D la 3e année.
• Présupposant une corrélation forte entre l’évolution de la myopie et l’allongement axial, intégrer la biométrie à la surveillance des enfants myopes semble aujourd’hui essentiel, sachant que certains biome`tres comportent des logiciels de suivi.
• En termes de tranches d’âge : plusieurs études ont montré l’intérêt de mettre en place un syste`me freinateur entre 7 et 13 ans. Cependant, bien qu’elle ralentisse, la progression myopique se poursuit chez les adolescents. A ce titre, l’inclusion d’enfants plus âgés en 3e année de l’étude D.I.M.S a été concluante, quant au maintien de l’efficacité de cette technologie.
• Plus de 8 000 enfants ont été équipés depuis septembre 2020 en France, où une étude a été débutée pour évaluer cette technologie D.I.M.S. Certaines questions restent posées qui offrent des pistes de recherches, notamment : quel serait l’impact de ce type de solution, avant l’âge de 8 ans ? Quels seraient les effets d’une combinaison de stratégies et de traitements ?