Rétinopathie diabétique : une piste dans les mitochondries
Environ un tiers des patients atteints de diabète mellitus développent une rétinopathie diabétique (RD), exposent des chercheurs américains dans un communiqué. Mais parmi ceux-ci, la RD n’arrive que plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années, après l’apparition du diabète. Comment expliquer ce délai ?
Pour répondre à cette question, les scientifiques ont mis en culture des cellules endothéliales de la rétine humaine sur un milieu contrôle et sur un milieu riche en glucose. Et ils ont constaté avec surprise que l’exposition prolongée au glucose a en fait un effet positif sur les cellules ! Après une journée, l’état des cellules a en effet décliné mais ensuite, il s’est amélioré et la mortalité des cellules liée au stress oxydatif a diminué. Les chercheurs ont également constaté que cette adaptation est associée à une amélioration du fonctionnement des mitochondries, et notamment à une meilleure évacuation des mitochondries endommagées, après 10 jours d’exposition à un haut niveau de glucose. À l’inverse, perturber le fonctionnement des mitochondries réduit la capacité des cellules à résister au haut niveau de glucose. Ces observations indiquent l’existence d’un système endogène qui protège les cellules endothéliales de la rétine des effets délétères de l’excès de glucose. « L’adaptation des mitochondries induite par l’hyperglycémie est un contributeur plausible au mécanisme responsable du délai dans l’apparition de la rétinopathie diabétique, estiment les chercheurs. La perte de celle-ci pourrait laisser la place à la RD. » Des études complémentaire, notamment in vivo, restent à mener pour savoir si tel est bien le cas.
Serikbaeva Anara et al.Hyperglycemia Promotes Mitophagy and Thereby Mitigates Hyperglycemia-Induced Damage. Am J Pathol.2022;192(12):1779-94.

Légende : Certaines cellules ont été cultivées dans un milieu à forte teneur en glucose (HG) et d’autres dans un milieu contrôle (NG). L’exposition à un haut niveau de glucose compromet au départ la consommation d’oxygène des cellules… mais l’améliore ensuite. La respiration basale (A) a été calculée après avoir soustrait la respiration non-mitochondriale. La capacité respiratoire restante (B) indique la capacité des cellules à répondre à une demande en énergie et correspond à la différence entre la respiration maximale et la respiration basale. C révèle la production d’ATP dans les cellules. Les astérisques indiquent une différence statistique significative.
N. Le Jannic