Observer la drépanocytose, les yeux dans les yeux
Comment savoir si un traitement contre la drépanocytose est efficace ? Il suffit d’aller voir au fond de l’œil. C’est l’idée qu’ont eu des chercheurs américains : ils ont utilisé l’OCT-angiographique sur des personnes contrôles, sur des patients atteints de drépanocytose sous traitement et sur des patients atteints de drépanocytose sans traitement. Ils ont capturé 10 images en 10 minutes une première fois, puis une seconde fois une heure plus tard, autour de la fovéa et au niveau de la rétine temporale.
Ils ont alors pu observer le blocage et le déblocage fréquent des vaisseaux sanguins de la rétine chez les malades alors que le flux sanguin était à peu près continu chez les personnes témoins. Parmi les patients, le « scintillement » des vaisseaux, témoin de leur blocage/déblocage, était plus important chez ceux sans traitement que chez ceux avec. En se basant sur la fréquence et la localisation du scintillement, les chercheurs ont ensuite développé un algorithme capable de prédire le risque de blocage des vaisseaux rétiniens. Et donc, d’évaluer l’efficacité d’un traitement contre la rétinopathie drépanocytaire, en comparant le scintillement avant et après la mise en place de celui-ci. « Au lieu de suivre les résultats du laboratoire et d’attendre que d’horribles choses arrivent aux patients, nous pouvons pour la première fois utiliser cette technologie pour mesurer le nombre de vaso-occlusions qui se produisent avec un nouveau traitement afin de savoir si ce dernier est le meilleur pour le patient », a déclaré dans un communiqué Jeffery Glassberg, l’un des auteurs de l’étude.
Zhou DB, Castanos MV, Pinhas A et al. Quantification of intermittent retinal capillary perfusion in sickle cell disease. Biomed Opt Express. 2021;12:2825-40

Au cours de l’étude, le protocole d’imagerie a été appliqué à un patient atteint de drépanocytose mais ne prenant pas de traitement (photos A et C), puis le même protocole a été réutilisé après deux mois de traitement à l’hydroxyurée (photos B et D). L’étude souligne notamment que son index de perfusion intermittente est passé de 3% autour de la fovéa et 2,7% dans la rétine temporale à respectivement 0,5% et 1,6% après le traitement, révélant l’efficacité de celui-ci.
N. Le Jannic