Miser sur la protrudine pour régénérer le nerf optique
Une équipe de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, vient d’ouvrir une nouvelle piste pour le traitement du glaucome : la thérapie génique misant sur la protrudine. La première étape de leur recherche a consisté à observer la réponse de neurones en culture après une blessure au laser. Or 60 à 70% des neurones en présence de protrudine ont montré des signes de régénération 14h après la blessure… contre seulement 24% des neurones témoins. Forts de ces résultats, les scientifiques ont testé les effets de la protrudine in vivo, sur des modèles murins.
Ils ont administré par injection intra-vitréenne des adéno-virus associés porteurs ou non du gène de la protrudine (sauvage ou phosphomimétique) dans la rétine, puis, deux semaines plus tard, ont chirurgicalement écrasé le nerf optique des souris. Résultat : la régénération du nerf optique chez les souris contrôle n’a jamais dépassé 0,5 mm depuis le site d’écrasement et le nombre d’axone régénérés est de 44 ; chez les souris ayant reçu l’adéno-virus avec le gène de la protrudine sauvage, ces chiffres atteignent respectivement 2,75 mm et 380 axones et chez celles ayant reçu l’adéno-virus porteur du gène de la protrudine phosphomimétique, la régénération s’est étendue jusqu’à 3,5 mm et 630 axones régénérés ont été observés. Puisque le glaucome résulte en la détérioration progressive du nerf optique, la piste de la protrudine, protégeant, voire régénérant celui-ci semble être une bonne option. Les chercheurs préviennent cependant qu’il faut bien entendu poursuivre les recherches avant de savoir si leur thérapie génétique peut-être une option pour le traitement de cette pathologie chez l’être humain.
Petrova V, Pearson CS, Ching J et al. Protrudin functions from the endoplasmic reticulum to support axon regeneration in the adult CNS. Nat Commun. 2020;11(1):5614.
F. Rigal