L’œil comme miroir... d’Alzheimer
Deux études se sont penchées sur l’intérêt d’observer l’œil pour détecter précocement la maladie d’Alzheimer (MA). Dans la première, les auteurs se sont intéressés à la dilatation de la pupille comme possible marqueur précoce de la MA, émettant l’hypothèse que le risque polygénique de MA serait associé à la réponse de la pupille.
Cette dilatation est contrôlée par le locus coeruleus (LC), une zone du cerveau qui module la fonction cognitive et dans laquelle la protéine tau, impliquée dans la MA, apparaît en premier. Les auteurs ont donc mesuré l’importance de la dilatation de la pupille pendant que les participants subissaient des tests cognitifs. Une précédente étude avait montré que la dilatation de la pupille était plus importante chez les personnes présentant des stades précoces de MA. Ici, chez des individus normaux du point de vue cognitif, un taux plus élevé de risque polygénique de MA était associé à une plus grande dilatation de la pupille pendant les tests. « Ces résultats sont la preuve de concept que mesurer la dilatation de la pupille pendant des tests cognitifs pourrait être un outil pour dépister la MA avant que les symptômes n’apparaissent », indique William Kremen, premier auteur et professeur de psychiatrie à l’école de médecine de l’université de San Diego.
Dans la seconde étude, les chercheurs se sont intéressés à la rétine. Celle-ci constitue une source importante de biomarqueurs car elle partage des particularités avec le cerveau tout en étant plus facilement observable. Les auteurs de l’étude espagnole parue dans Scientific Reports ont ainsi comparé l’épaisseur des couches de la rétine chez 19 patients atteints de maladie d’Alzheimer à un stade précoce, avec 24 participants contrôle. Ils ont pour cela utilisé l’OCT, une technique non invasive, bon marché et rapide. « La nouveauté de nos résultats est que, dans les stades précoces, l’amincissement a systématiquement dominé sur l’épaississement, en termes de pourcentage de surface et de volume neural perdu », indique Luis Janez, chercheur à l’université de Madrid et premier auteur de l’étude. Les premiers changements observés surviennent dans la zone maculaire.
Kremen WS et al. Pupillary dilation responses as a midlife indicator of risk for Alzheimer’s disease: association with Alzheimer’s disease polygenic risk. Neurobiology of Aging. November 2019;83:114-21.
Jáñez-Escalada L et al. Spatial analysis of thickness changes in ten retinal layers of Alzheimer’s disease patients based on optical coherence tomography. Scientific Reports. 2019 ;9:13000.