Le Sars-CoV-2 se réplique dans la rétine
Des chercheurs allemands ont mis au point des organoïdes reproduisant la rétine humaine et y ont observé l’infection par le Sars-CoV-2, ainsi que la réplication du virus. Ils avaient créé ces organoïdes à partir de cellules humaines reprogrammées en cellules souches induites pluripotentes, orientées vers un développement en cellules rétiniennes.
Ces organoïdes ont permis d’éviter les modèles animaux, non pertinents ici. Les chercheurs ont pu observer par PCR que le Sars-CoV-2 infectait ces organoïdes après un temps d’incubation. Ils ont aussi constaté la présence de nouveau matériel viral, montrant la réplication du coronavirus. Infection et réplication avaient lieu en particulier au niveau des cellules ganglionnaires rétiniennes et des photorécepteurs (cônes et batônnets). L’infection peut donc avoir un effet direct sur la rétine, et pas seulement un effet secondaire dû au dommage des vaisseaux sanguins ou à l’élévation de la pression intra-oculaire. Les auteurs ont aussi constaté que l’infection induisait l’expression de gènes de l’inflammation (comme celui codant pour l’interleukine 33), et que l’usage d’anticorps bloquant les récepteurs ACE2 réduisait significativement les conséquences de l’infection.
Menuchin-Lasowski Y et al. SARS-CoV-2 infects and replicates in photoreceptor and retinal ganglion cells of human retinal organoids. Stem Cell Reports. 2022;17(4)789-803.

Légende : Section de l’organoïde rétinien au jour 143 de sa différenciation : la couche intérieure (en bas) contient les cellules amacrines (en blanc) et les cellules gliales de Müller (en rouge). La couche extérieure (en haut) contient les photorécepteurs (en vert). Le schéma sur la droite reproduit l’organisation des types cellulaires dans la rétine des vertébrés. La lumière arrive par en bas, traversant toute la rétine jusqu’au photorécepteurs (en haut en gris). La couche intérieure contient les cellules amacrines (en blanc) et bipolaires (en vert). Les cellules gliales de Müller (en rouge) s’étendent sur toute la longueur de la rétine. Les axones des cellules du ganglion rétinien forment le nerf optique et transmettent le signal lumineux au cerveau. Crédit : MPI for Molecular Biomedicine/Yotam Menuchin-Lasowski
F. Rigal