Inhiber l’acide rétinoïque pour traiter la rétinite pigmentaire
Une étude menée chez la souris montre l’intérêt de cibler l’acide rétinoïque (AR) (par exemple avec un médicament déjà sur le marché, le disulfirame, utilisé en cas d’alcoolodépendance) pour améliorer la vision en cas de rétinite pigmentaire (RP). Dans la RP, les photorécepteurs dégénèrent et les cellules ganglionnaires rétiniennes (CGR) deviennent hyperactives.
Les auteurs de cette étude avaient prouvé précédemment que l’AR est le déclencheur moléculaire de cette hyperactivité. Ils ont ici constaté qu’inhiber la synthèse d’AR (par le disulfirame), ou bloquer ses récepteurs (par un candidat médicament appelé BMS493), permettait d’obtenir une amélioration de la vision dans un modèle de souris développant une RP. Les souris avaient été entraînées, jeunes et quand elles ne présentaient encore aucune trouble de vision, à reconnaître et à répondre à une image en noir et blanc sur un écran d’ordinateur. Elles ont continué à reconnaître cette image une fois plus âgées (ayant développé une RP) et traitées par disulfirame ou par BMS493 – ce qui n’étaient pas le cas de celles recevant un placebo. Les auteurs suspectent que l’acide rétinoïque joue le même rôle chez l’humain que chez la souris et envisagent de tester le disulfirame chez des individus atteints de RP.
Telias M, Sit KK, Frozenfar D, Smith B, Misra A, Goard MJ, Kramer RH. Retinoic acid inhibitors mitigate vision loss in a mouse model of retinal degeneration. Sci Adv. 2022;8:eabm4643.
F. Rigal

Légende. Une CGR de souris (en vert) qui devient hyperactive dans des troubles de dégénérescence de la vision. Les autres types cellulaires sont marqués en bleu. L’hyperactivité interfère avec le transfert adéquat de signaux de la rétine au cerveau. L’équipe de chercheurs a découvert ce qui causait cette hyperactivité et identifié un médicament bloquant le processus et donc améliorant la vision.