Grande consultation de l’Ordre : des médecins fiers mais insatisfaits des relations avec l’administration

Le CNOM a dévoilé les résultats de sa grande consultation, à laquelle 12 500 médecins ont répondu dans sa totalité. Si les médecins se disent fiers (à 86%) et heureux (à 83%) d’avoir choisi cette profession, ils sont un peu moins (70%) qui choisiraient à nouveau de devenir médecin si le choix se reproposait, et seulement 54% encourageraient quelqu’un d’autre à le devenir.

La crise sanitaire a été l’occasion de sentiments contrastés et parfois contradictoires : accomplissement professionnel en priorité, mais aussi anxiété, lassitude et colère sont cités. Les difficultés citées en priorité dans l’exercice de la profession concernent les conditions de travail (surcharge administrative et de travail, mais aussi défiance et incivilités des patients, ainsi que dégradation du temps médical…), ainsi que les dysfonctionnements du système de santé (manque de moyens humains, défaillances des administrations, défaut de coordination entre secteurs…). De manière générale, le temps manque : pour exercer le cœur de son métier ainsi que son rôle de prévention et pour se former. Les médecins aimeraient en majorité avoir l’opportunité de changer de mode d’exercice en cours de carrière (à 76%) mais observent des freins, particulièrement d’ordre financier. Et les médecins sondés affichent (à 38%, une assez large minorité donc), une inquiétude pour leur sécurité physique dans l’exercice de leur métier.

Concernant plus généralement les appréciations sur le système de santé, les médecins continuent à le trouver de qualité (à 75%), efficace (à 61%) et satisfaisant pour le patient (à 60%), mais ces chiffres sont en baisse depuis la précédente consultation, en 2015, et les sondés estiment à 79% qu’il se détériore. Quant à la crise sanitaire, les médecins estiment qu’elle a détérioré la coopération entre eux et l’administration ainsi que les acteurs politiques nationaux ; et que le soutien qu’ils ont trouvé pendant cette période venait avant tout de leurs confrères, des patients et des autres professionnels de santé, mais bien moins des élus politiques (locaux ou nationaux), de l’ARS ou de la CARMF. Ils jugent aussi négativement la gestion de la crise par l’État (en particulier concernant le parcours de soins des patients hors Covid, et la question des masques et des moyens de protection). En revanche, la campagne de vaccination les laisse globalement plus satisfaits (à 64%). Pour améliorer le système de santé, les médecins demandent en priorité une réduction de la complexité administrative pour pouvoir augmenter le temps médical, une meilleure rémunération, et espèrent un niveau de décision plus local pour l’organisation des soins sur le territoire. La question de la contrainte à l’installation a bien sûr été posée et elle est loin de remporter les suffrages : 64% sont opposés à la limitation de la liberté d’exercice en zone bien dotée. S’ils estiment nécessaire de lutter contre les inégalités territoriales d’accès aux soins, ils posent comme leviers d’action principaux la revalorisation des actes en zones sous-denses, et des avantages fiscaux ou sociaux à l’installation et pendant la carrière.

F. Rigal

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