Glaucome et myopie

Les experts prédisent une « épidémie de myopie » dans les décennies à venir, avec une multiplication du nombre de sujets atteints, et notamment de cas de ­myopie forte.
Le dossier thématique de cette édition des Cahiers d’Ophtalmologie est consacré à une situation de plus en plus fréquente et souvent source de difficultés diagnostiques et thérapeutiques, la prise en charge du glaucome du myope.
De nombreuses études épidémiologiques ont montré que la myopie forte était un facteur de risque indépendant du glaucome,
il est 2 à 3 fois plus élevé par comparaison avec les non myopes.
La physiopathologie n’est pas parfaitement connue : la pression intraoculaire ne semble pas être plus élevée chez les myopes, et des modifications des propriétés biomécaniques des tissus des parois de l’œil sont incriminées, notamment un amincissement et une déformabilité plus élevée de la lame criblée qui est le site d’émergence des cellules ganglionnaires rétiniennes en dehors de l’œil et le site de contraintes mécaniques importantes ­exercées sur celles-ci.
Le diagnostic d’un glaucome et son suivi peuvent se révéler difficiles chez les sujets myopes forts du fait de l’aspect trompeur de la papille optique et des différentes altérations des structures du segment postérieur, des conséquences de la myopie sur le champ visuel et des difficultés d’analyse de l’OCT. La prise en charge de cette forme de glaucome à angle ouvert repose sur l’abaissement de la pression ­intraoculaire, avec peu de spécificités par rapport à un glaucome primitif à angle ouvert classique, le traitement médical étant souvent utilisé en première intention. 
La chirurgie peut être envisagée en présence d’un glaucome évolutif sous traitement médical maximal et du risque de perte du point de fixation ou d’intolérance aux collyres.
La réalisation est souvent plus difficile que chez les non myopes car les repères ­anatomiques habituels sont fréquemment modifiés ou absents. 
En cas d’hypotonie postopératoire, les risques de complications telles qu’un soulèvement choroïdien ou un œdème maculaire sont importants chez les sujets myopes forts et nécessitent un suivi très régulier ainsi qu’une prise en charge adéquate le cas échéant.
Je remercie les Drs Georges Azar, Arnaud Touboul et Arnaud Sénéclauze, ainsi que les Prs Jean-François Rouland et Cédric Schweitzer pour leurs articles très didactiques qui apportent des réponses claires à ce sujet !

Pr Florent Aptel
Centre ophtalmologique Visis,  Perpignan et Médipôle Elsan