Face aux difficultés du système de santé, la HAS exprime son inquiétude dans une lettre ouverte

L’initiative est exceptionnelle : le collège de la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier une lettre ouverte « à tous ceux qui œuvrent pour la qualité des soins et des accompagnements ». Et elle tire la sonnette d’alarme. Pointant les « difficultés des professionnels à délivrer aux patients et aux personnes accueillies une qualité des soins et des accompagnements à la hauteur de ce qu’ils souhaiteraient » (un sentiment partagé par les usagers), la HAS souligne que ces difficultés sont systémiques, quoique « exacerbées par la crise sanitaire ».

Elle alerte en premier lieu sur les pénuries de personnel qui s’accentuent dans les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux (soulignant le manque d’aides-soignants, d’infirmiers, de praticiens hospitaliers et de médecins coordinateurs dans les Ehpad), mais pointe aussi « la répartition inégale des professionnels de santé sur le territoire » en ville, et estime que « les tendances démographiques actuelles, pour les professionnels de santé comme pour la population générale, ne feront qu’accentuer la pression dans les années à venir ». La HAS tire aussi à boulets rouges sur l’organisation et les modes de financements (manque de coopération et de coordination entre secteurs ambulatoire et hospitalier, et entre secteurs sanitaire et médico-social ; ainsi que rémunération de l’activité plutôt que de la qualité ou la pertinence des soins). Devant ces constats sévères, la HAS propose quelques pistes : rendre les métiers du social et du médico-social attractifs ; assurer une bonne utilisation de ces ressources humaines « en faisant intervenir chaque professionnel là où sa plus-value est optimale » (la HAS propose « un élargissement des compétences paramédicales et une reconnaissance des nouveaux rôles », en particulier des infirmiers de pratique avancée et des assistants médicaux) et donner aux professionnels les moyens de dispenser des soins de qualité (renforcement des formations, mise au point d’indicateurs de pertinence et de qualité des soins). Pour améliorer l’accès aux soins, la HAS suggère de donner plus de moyens financiers aux ARS, de développer les téléconsultations, d’augmenter le nombre de Smur et de restructurer les urgences. Enfin, elle propose de repenser l’organisation au sein des établissements (encadrement et financement) et demande d’accorder une place accrue à la santé publique et à la prévention.

F. Rigal

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