Echos SFO Contactologie : morceaux choisis

Les orateurs de la session annuelle de la SFOALC ont abordé l’épidémie à Covid-19, la réglementation, l’entretien des lentilles ou encore les dispositifs thérapeutiques. Les modalités d’adaptation des astigmates ou des presbytes, dont la demande va croissant, et de différents types de lentilles, y compris d’orthokératologie, ont également été rappelées.
La Covid-19 et ses conséquences
La pandémie à Covid-19 a vu se multiplier les inconvénients liés au port du masque (buée sur les verres de lunettes, sécheresse oculaire…) qui ont pu inciter les plus jeunes à abandonner leur correction optique.
De rares cas d’atteintes de la surface oculaire ont été décrits, à type notamment d’hyperhémie conjonctivale, parfois inaugurale ; une transmission par aérosol à partir des larmes n’est donc pas exclue. L’hypothèse selon laquelle le virus aurait d’ailleurs plus d’affinité pour les matériaux silicone hydrogels que pour les hydrogels n’est pas démontrée. Quant aux produits de décontamination, la présence d’un surfactant présenterait un intérêt spécifique (pour casser l’enveloppe lipidique virale). Dans ce contexte, les lentilles journalières sont particulièrement intéressantes.
Selon une étude chinoise, plusieurs mois de confinement strict peuvent induire un excès de myopisation de 0,2 à 0,3 dioptries avant 8 ans.
Connaître la réglementation et le rôle des différents acteurs de la filière optique
Afin, entre autres, de répondre à des impératifs de qualité et de sécurité, d’en assurer la matério-vigilance et d’en prévenir le mésusage, les lentilles de contact relèvent d’une législation particulière. Elles font partie des dispositifs médicaux, tout comme leurs produits d’entretien (DGCCRF, code de la santé publique). L’adaptation des lentilles reste un acte médical : seuls les ophtalmologistes sont habilités à le pratiquer. S’ils le délèguent (opticiens…), leur responsabilité est engagée (jurisprudence), sauf à le confier à un contactologue.
Le médecin doit au patient une information loyale (fiches de la SFO…), notamment en termes d’honoraires. Outre sa durée de validité, l’ordonnance doit comporter : le type, la marque, la géométrie et la puissance des lentilles, le type de port, le mode de renouvellement, le produit d’entretien (hors lentilles journalières) et quelques conseils au porteur.
La plupart des porteurs n’entretiennent pas leurs lentilles de façon optimale…
… nettoyage, élimination des dépôts, décontamination, hydratation, rinçage : les conseils doivent donc être systématiquement réitérés, pour, en particulier, prévenir le risque de kératite microbienne. Les solutions oxydantes sont très efficaces et n’induisent pas d’allergie, cependant l’utilisateur doit bien connaître leur mode d’emploi. En effet, une neutralisation incomplète du peroxyde d’hydrogène expose au risque de kératite et l’absence de conservateur interdit de laisser les lentilles immergées trop longtemps sans renouveler le produit. Faciles à utiliser, les solutions multifonctions possèdent une efficacité similaire, à condition d’effectuer le massage des lentilles. Un risque de toxicité cornéenne existe néanmoins, par libération de certains composés.
La fréquence de la déprotéïnisation, en général hebdomadaire ou bimensuelle, doit être adaptée au matériau et aux dépôts. Afin d’éliminer les dépôts lipidiques, favorisés par les dysfonctionnements meibomiens liés au port du masque, les savons spécifiques peuvent être utilisés au quotidien.
Enfin, chaque porteur doit vider et sécher chaque jour son étui personnel, puis l’exposer à l’air libre en milieu sec (proscrire le lavabo…) et le renouveler chaque mois. Dans tous les cas, hygiène des mains et bonne observance sont indispensables.
Toute infection sous lentille peut être déclarée sur le site de la SFOALC.
Lentilles thérapeutiques : une liste d’indications non exhaustive
Les lentilles thérapeutiques répondent à de nombreuses indications de consultation standard. Il s’agit principalement de réduire la douleur et La Covid-19 et ses cond’accélérer la cicatrisation en cas de défects épithéliaux (dystrophies bulleuses, dystrophie de Cogan, larges érosions traumatiques, kératite filamenteuse…, par consensus) ; ou de protéger la cornée de défauts des annexes (trichiasis…). Ces ex « lentilles pansements » sont moins utilisées qu’autrefois en tant que réservoirs de médicaments mais le sont toujours pour teinter ou opacifier tout ou partie des aires irienne et/ou pupillaire (compenser une amblyopie en l’absence d’autre possibilité, une mydriase, une diplopie… selon les gammes).
On utilise le plus souvent des lentilles en silicone hydrogel, pour leur perméabilité à l’oxygène, plus rarement hydrogel, exceptionnellement des LRPG – Lentilles Rigides Perméables au Gaz, voire des verres scléraux (avec pose et dépose quotidiennes). L’adaptation des lentilles thérapeutiques suit les règles de contactologie, sous réserve d’AMM (port nocturne…). Il faut bien connaître les indications et contre-indications des traitements adjuvants.
Le Grand prix de contactologie Évelyne Leblond 2021 (3e édition) revient au CHU de Lille. Un nourrisson, opéré d’une ectopie cristallinienne sans possibilité d’implantation, a été adapté en LRPG (correction optique totale, non tolérée en lunettes, et port permanent mensuel). Outre le traitement de l’amblyopie, l’utilisation et la manipulation des lentilles se sont révélées extrêmement problématiques. Bienveillance, persévérance et accompagnement de l’enfant et des parents, ont vaincu ces difficultés.