Echos SFO 2018. Chirurgie orbito-palpébrale

Orbitopathie dysthyroïdienne

L’orbitopathie dysthyroïdienne se présente sous plusieurs formes, dont la plus grave est la neuropathie optique. Elle est le plus souvent liée à une compression du nerf optique à l’apex orbitaire par l’hypertrophie inflammatoire des muscles oculomoteurs, et plus rarement par un étirement lors d’une exophtalmie majeure. Le Dr Longueville (Bordeaux) a rapporté une large série de 24 patients résistant au traitement médical bien conduit et ayant nécessité une décompression orbitaire. Dans ce contexte, les suites opératoires sont certes plus compliquées (augmentation des troubles oculomoteurs, brèches méningées), mais les résultats obtenus sont supérieurs. L’amélioration visuelle est retrouvée pour 23 patients, même pour les atteintes chroniques évoluant depuis plusieurs mois.
En cas de résistance au traitement classique par corticothérapie pour ­l’orbi­to­­pathie dysthyroïdienne, le tocilizumab (anticorps monoclonal anti-IL6) représente une alternative. Le Dr Guéry (Rouen) a présenté une série de 11 patients traités en seconde intention par tocilizumab. L’efficacité est retrouvée sur le score d’activité clinique et sur la diplopie, avec une bonne tolérance clinique. Sa place reste encore à définir dans l’algorithme de prise en charge de l’orbitopathie dysthyroïdienne.

Chirurgie

La chirurgie palpébrale est une source d’anxiété pour le patient, avec une ­ré­percussion sur la douleur ressentie. C’est ce retentissement que le Dr Lemaître (Gérone) a évalué à l’aide d’un score standardisé (EVA, échelle d’évaluation analogique, et APAIS, Amsterdam Preoperative Anxiety and Information Scale). Un score élevé est associé à une majoration de la douleur et à un accroissement de la tension artérielle, augmentant le saignement peropératoire. L’utilisation des questionnaires en chirurgie oculoplastique améliore l’identification des patients anxieux en vue d’ajuster la médication pour leur confort et celui du chirurgien.

Chirurgie en direct

Autour d’une séance organisée par le Dr Galatoire (Paris), présidée par le Dr Lasudry (Bruxelles) et le Dr Galatoire, et modérée par le Pr Ducasse (Reims) et le Dr Morax (Paris), les interventions sur la chirurgie palpébrale étaient retransmi­ses avec l’opérateur dans la salle pour commenter et discuter l’intervention. Les interventions présentées cette année recouvraient la pathologie lacrymale avec le Dr Imbert (Toulouse), pour une variante dans la technique de DCR externe avec suture du lambeau postérieur. En ­chi­rurgie palpébrale, il s’agissait des ­techni­ques de canthopexie (Dr Boumendil), de reconstruction palpébrale (Drs Azria, Amar et Fau), d’allongement palpébral par greffe de derme (Dr Farah) et de chirurgie du ptosis (Dr Dray) ; en pathologie orbitaire, des techniques d’éviscération avec technique en pétales (Dr Jacomet) et biopsie de métastase bilatérale de ­carcinome mammaire (Dr Zmuda). Ces interventions présentées dans un cadre didactique se prêtaient parfaitement à cet exercice d’échange et de partage de connaissances dans le cadre de la SFO.

La SOPREF

Dans le cadre de la SOPREF (Société ophtalmologique plastique reconstructrice et esthétique française), la table ronde ouverte à la SFO abordait cette année le thème des cavités orbitaires. Après un rappel historique, le Dr Larrey (Reims) a présenté les différentes techniques ­possibles d’éviscération. Le Dr Maalouf (Nancy) a rappelé que la technique de l’énucléation était plus ancienne, mais toujours d’actualité, surtout sur le plan oncologique ; enfin, le Dr Lagier (Nice) a rapporté son expérience dans ­l’exen­tération orbitaire. La connaissance des différentes techniques de reconstruction orbitaire est nécessaire pour l’ophtalmologiste et sa maîtrise indispensable pour l’oculoplasticien, notamment en raison des complications postopératoires qui sont nombreuses et qui peuvent avoir un retentissement esthétique préjudiciable pour le patient. La collaboration étroite avec l’oculariste est utile dans le dépistage précoce des complications (exposition d’implants, rétraction des culs de sac, malposition palpébrale...).
Ensuite, la SOPREF a eu l’honneur d’accueillir le Pr Mourits (Amsterdam/ Pays-Bas) pour la Lecture Paul Tessier, expert reconnu pour la prise en charge de l’orbitopathie dysthyroïdienne. À tra­vers sa carrière, le Pr Mourits a retracé les avan­cées dans la prise en charge mé­dicale et chirurgicale de l’orbitopathie ­dysthyroïdienne, avec la révolution en ­chirurgie de décompression depuis les voies coronales vers les voies mini-invasives ophtalmologiques.

Avenir de l’oculoplastie française

En fin de journée, la dernière table ronde sur les aspects médico-légaux a ouvert les débats sur l’avenir de l’oculoplastie française. Après le point de vue des assureurs et du conseil de l’ordre, le Pr Robert (Limoges) a présenté le ­change­ment prévu pour la formation des oculo­plasticiens français dans le cadre de la réforme du troisième cycle des études médicales, avec la mise en place de la FST (formation spécialisée transversale) ouvrant des postes à des internes d’ORL ou de chirurgie maxillo-faciale. Ces bouleversements annoncés dans la formation des futurs oculoplasticiens impliquent l’ensemble des ophtalmologistes à court et moyen termes.

Auteurs

  • Mathieu Zmuda

    Ophtalmologiste

    Fondation ophtalmologique A. de Rothschild, Paris

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