19 à 37% de chance de rendez-vous en moins pour les bénéficiaires de l’AME

« On parle de refus de soins discriminatoire lorsqu’un professionnel de santé refuse de recevoir ou traite moins bien un patient du fait de l’un de ces critères [état de santé, origine, âge, orientation sexuelle, handicap, etc.], ou parce qu’il est bénéficiaire d’une prestation comme la complémentaire santé solidaire (CSS) ou l’aide médicale de l’État (AME) », rappelle le rapport publié mi-mai par l’Institut des politiques publiques (IPP), pour le compte de la Drees (Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques), de la DSS (Direction de la sécurité sociale) et du Défenseur des droits.

Un rappel qui ne semble pas inutile. L’organisme a en effet organisé un testing téléphonique auprès de plus de 3000 médecins (généralistes, pédiatres et ophtalmologistes ; une étude similaire avait été menée auprès des psychiatres, gynécologues et dentistes en 2019), où chacun d’eux a fait l’objet d’une tentative d’appel par trois faux patients du même sexe pour obtenir un rendez-vous non urgent. L’un d’eux était bénéficiaire de l’AME, l’autre de la CSS, et le troisième, ni de l’un ni de l’autre, servait de patient dit « de référence ». Bilan : « En tenant compte de l’incertitude des résultats, [les bénéficiaires de l’AME] ont entre 14 et 36% de chances en moins d’avoir un rendez-vous chez le généraliste par rapport aux patients de référence, entre 19 et 37% de chances en moins chez l’ophtalmologue, et entre 5 et 27% chez le pédiatre. » L’étude n’a en revanche pas détecté statistiquement de discrimination à l’encontre des patients bénéficiaires de la CSS, ni d’écart significatif entre les médecins de secteur 1 et ceux de secteur 2 dans l’ampleur des discriminations mesurées. En revanche, le genre des médecins est à l’origine de différences dans l’octroi des rendez-vous : « En moyenne, les praticiennes de l’échantillon accordent 19% de rendez-vous en moins que les praticiens. Mais ces refus plus fréquents ne semblent pas se faire au détriment des patients bénéficiaires de prestations. Au contraire, les résultats montrent que les praticiennes discriminent significativement moins les bénéficiaires de l’AME que les praticiens. »

N. Le Jannic

L'accès à la totalité de la page est protégé.

Je m'inscris

Identifiez-vous